L’art de nos contemporains regorge de personnes qui ont de bonnes idées, intéressantes et originales, et qui pensent que cette originalité même « fait » art. Voilà l’art réduit à quelques trouvailles, qu’un « marketing consultant en be to see » ne renierait pas.
Trop souvent, dans le cas de littérature, il manque deux éléments : la langue informée et la culture formante.
La première – la langue – nous donnerait davantage de jouissances sonores et existentielles. Antioche a ceci de savoureux que nous retrouvons la matière du québecois. Mais celle-ci est un ingrédient de plus à cette interminable soupe idéologique, ce discours si pauvre et si uniforme que nous engloutissons toutes les semaines, voir chaque jour.
La seconde – la culture – éviterait de voir Antigone réduite à une rébellion pour la rébellion, de confondre indistinctement les murs et les emprisonnements, de surtout les réduire aux seules dimensions psychologique et sociale. C’est selon moi, la faute la plus grave de la pièce : évider Antigone de toute profondeur métaphysique.
Antioche est une pièce courte, fort heureusement. Nous ne passons pas un mauvais moment. Mais nous peinons à lui trouver encore quelques consistances à la sortie du théâtre, devant la densité d’une bonne bière d’abbaye (belge, cela va sans dire).
P. M.
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Bonne critique de Pauline Angot et renseignements sur la pièce
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Crédits photographiques : Yanick Macdonald