Liste des articles publiés en novembre 2018

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– Lassaâd Metoui, Le Pinceau ivre, dans Nunc 46, automne 2018, p. 138.

Lorsque Lassaâd Metoui saisit son pinceau, qu’il applique l’encre sur un gigantesque papier – autant d’instruments venus du Japon –, nous croyons revivre les performances, au sens étymologique que donne Alain Rey de ce vocable, du grand calligraphe japonais Tanaka Shingai (1942-2007) et de son disciple Missako Ougai Kofude, au temple Kurama.

Une poétique du rituel se déploie, mêlant la rigueur formelle au déploiement aléatoire. La calligraphie de Lassaâd Metoui bâtit un royaume qu’habitent des autres, les anciens, qui ont perpétré la tradition millénaire, et les modernes – les expressionnistes abstraits avec Jackson Pollock et sa technique du dripping, Henri Matisse, dont l’artiste reconnaît l’influence directe, ou encore Paul Klee qui eut la « révélation de la couleur » lors d’un voyage, avec August Macke et Louis Moillet, en Tunisie.

Petite histoire de la photo d’Ian Haydn Smith : voyage avec les yeux, le cœur et la tête, dans Profession Spectacle, le 1er novembre 2018.

Les éditions Flammarion viennent de faire paraître en français la belle Petite histoire de la Photo du critique et écrivain britannique Ian Haydn Smith : un ouvrage synthétique et clair, qui trace les grandes lignes d’un art à l’évolution rapide, jusqu’à brouiller sa définition et laisser penser qu’il peut être le fait du moindre détenteur de smartphone.

« C’est une illusion que de croire que c’est l’appareil qui fait les photographies…
Elles sont faites avec les yeux, le cœur et la tête. »
(Henri Cartier-Bresson)

Qu’est-ce que la photographie ? Un langage ou une image ? une représentation ou une présence dans l’absence ? une écriture ou une perception ? un artefact ou une entité conceptuelle ? un imaginaire ou la conscience d’un objet ? une réalité physique ou un fait social ?

Entretien avec Olivier Couder : art et handicap réunis par les droits culturels, dans Profession Spectacle, le 2 novembre 2018.

Fondateur et directeur artistique de la compagnie Théâtre du Cristal en 1989, qui rassemble des comédiens professionnels en situation de handicap et non handicapés, Olivier Couder a mis en scène de nombreux auteurs contemporains. En 2010, le Théâtre du Cristal est reconnu comme pôle « art et handicap » dans le Val-d’Oise, avec pour mission de garantir aux personnes en situation de handicap un accès facilité à l’art et à la culture.

C’est dans ce même esprit qu’il lance, dans son département, le festival Viva la Vida en 2012. Celui-ci devient, par sa fusion avec le festival Orphée dans les Yvelines, un événement régional, sous forme de biennale : le festival Imago. La première édition de cette biennale se déroule en ce moment même et jusqu’au 18 décembre : trois mois, six départements, cinquante lieux et cent représentations… autant de chiffres qui en disent long sur le chemin parcouru.

Entretien avec Olivier Couder.

Ombre (Eurydice parle) d’Elfriede Jelinek : anéantissement mythique, dans Profession Spectacle, le 7 novembre 2018.

Les éditions de l’Arche viennent de publier une traduction française, signée Sophie Andrée Herr, de Schatten (Eurydike sagt), paru en Allemagne en 2013 : Ombre (Eurydice parle). Nous y retrouvons toute la rage, les pulsions destructrices et la haine mortelle de l’écrivaine autrichienne Elfriede Jelinek.

Ouvrir une œuvre d’Elfriede Jelinek, c’est accepter de recevoir à la face un interminable et violent vomissement de mots dévastateurs, sordides. Elfriede Jelinek le sait ; Elfriede Jelinek le souhaite. Elle invoque une ironie sous-jacente que l’on peine, dans la crudité d’un langage imprégné par la haine de l’autre, de tout autre, à percevoir.

Il y a cette langue, puissante, si drue, aussi fascinante qu’écœurante. Nous la savions écrivaine, bien avant que le prix Nobel vienne couronner sa carrière en 2004, bien avant que le théâtre national de Strasbourg renomme une salle à son nom, le mois dernier. Ses incantations déprédatrices n’épargnent personne, fusant d’un seul trait, naturelles – comme si elle n’éprouvait nul besoin de se relire, ni de se corriger. La traductrice a fort à faire pour traduire ses sons, ce flux, ces mots expulsés de la colère furieuse ; elle y parvient non sans talent mais ne peut empêcher le lecteur de se perdre dans ce torrent de fiel.

Delta Charlie Delta de Michel et Justine Simonot : chef-d’œuvre électrique, dans Profession Spectacle, le 9 novembre 2018.

Créé à L’Échangeur de Bagnolet en mai dernier, Delta Charlie Delta poursuit sa tournée au théâtre d’Anis-Gras, à Arcueil, auquel le dramaturge Michel Simonot est associé. Un beau et véritable drame, servi par des comédiens remarquables, une musique tout en subtile tension et une mise en scène d’une réelle finesse, signée Justine Simonot.

Pour avoir découvert Michel Simonot lors de la représentation de son précédent texte, Le but de Roberto Carlos, par la compagnie du Samovar, je connaissais la puissance et la beauté de son écriture.

Delta Charlie Delta est de la même veine : c’est un grand texte, parce qu’un authentique drame. Nombre d’écrivains contemporains nous assènent leurs idées à répétition, donc leur vision univoque, au détriment de la dramatique et des personnages. Nulle liberté pour le spectateur, prié de gober passivement – bien que moralisé (très) activement – la thèse présentée. Michel Simonot évite avec talent cet écueil, alors même que l’événement qui inspire son œuvre ferait aisément l’objet de récupérations en tous genres : la mort de Zyed et Bouna dans le transformateur EZF en 2005, qui a provoqué « les émeutes »« la révolte », quel mot ? – que nous savons dans des dizaines de villes en France.

Saison France – Roumanie 2019 : une amitié artistique au-delà de tout cliché, dans Profession Spectacle, le 26 novembre 2018.

Du 27 novembre au 14 avril 2019, la Roumanie sera célébrée dans plus de quatre-vingts villes françaises, avec près de deux cents projets et trois cent soixante dates : « une programmation économique, universitaire, éducative, sportive et gastronomique d’une ampleur inégalée entre nos deux pays », s’enthousiasme Pierre Buhler, président de l’Institut français.

En février 2015, Klaus Iohannis, élu président de la République de Roumanie trois mois plus tôt, décide de consacrer sa première visite européenne à la France, signe de l’attachement réciproque entre les deux pays.

À cette occasion, François Hollande, alors à la tête de l’État français, annonçait lors d’un point presse : « Nous voulons que l’année 2018 soit une année particulièrement marquante, puisque ce sera le centième anniversaire de l’État roumain moderne. Il y aura là de la part de la France une mobilisation pour faire de cet événement un grand moment d’amitié entre nos deux pays. »

Trois ans et demi plus tard, nous y sommes : le 27 novembre prochain, soit trois jours avant le centenaire, sera lancée la saison France-Roumanie, qui se déroulera jusqu’au 14 avril dans l’Hexagone, avant de se prolonger en Roumanie, du 18 avril au 14 juillet 2019, au moment où le pays aura la présidence du Conseil de l’Union européenne.

Myroslav Vantukh : « Notre danse porte l’histoire du peuple ukrainien », dans Profession Spectacle, le 29 novembre 2018.

Il est surnommé par de nombreux critiques comme « le plus beau spectacle du monde ». Exceptionnel et impressionnant, l’Ensemble folklorique national ukrainien Virsky l’est incontestablement. Il arrive à Paris pour la première fois de son histoire, du 5 au 9 décembre 2018, au Palais des Congrès.

« Je ne pouvais pas m’empêcher d’être attiré par ces danses folkloriques – leurs couleurs, leurs incroyables émotions, la pureté de leur expression, leur tempérament et beauté intérieure. » (Pavlo Virsky)

Entretien avec Myroslav Vantukh, directeur artistique de l’Ensemble Virsky.

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Crédits photographiques – Ensemble Virsky (DR)