Liste des articles publiés en mars 2019

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Le Corps sauvage de Cheyenne Carron : chasse, pêche, nature et traditions, dans Profession Spectacle, le 1er mars 2019

L’inclassable Cheyenne Carron s’empare du thème de la chasse, à rebours de toutes les modes actuelles, pour son prochain film : Le Corps sauvage sortira dans les salles françaises le 20 mars prochain. Nous suivons l’histoire de Diane, jeune fille évanescente aux inspirations (évidemment) mythologiques, dans ses rapports aux autres, aux animaux, à la nature, aux grandes questions existentielles. Une œuvre intéressante et… problématique.

La réalisatrice Cheyenne Carron poursuit son œuvre étonnante, en dehors de tous les circuits traditionnels, financiers comme artistiques. Il y a quelque chose d’insaisissable dans chacune de ses productions, comme une irrépressible envie de liberté et une absence – parfois – de rigueur, autant sur le plan technique que du propos.

Dans Le Corps sauvage, l’image est belle, magnifique même par endroits, alors que la prise de son des discussions (essentiellement des discussions) semble rudimentaire, au point que nos esgourdes peinent à tout intégrer. De même, quelques parenthèses inutiles parasitent l’unité de l’œuvre, telles ces courtes réflexions sur le peuple karen, l’art, l’Europe, etc., comme si leur seule présence dans le film n’était que la conséquence d’une préoccupation momentanée de l’artiste.

Absence de rigueur, donc, mais irrépressible envie de liberté…

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Hors jeu de Catherine Benhamou : des mots après la mort, dans Profession Spectacle, le 4 mars 2019

Que fait une actrice obligée de rester sur scène alors que son personnage est mort ? Elle raconte sa propre histoire, elle qui joue la mère morte alors qu’elle vient justement de perdre sa propre mère. Telle est l’idée originelle, originale et habile de Catherine Benhamou qui entremêle ses mots dans ceux de Samuel Beckett : Hors jeu, envers de Fin de partie, est une quête de mots à l’ombre de ceux de l’Auteur, dans les traces laissées par les êtres qui nous sont chers. Une pièce sur la langue, entre souffle poétique et déploiement prosaïque. À voir au théâtre de la Reine blanche (Paris) et en tournée.

Sur scène, à l’ouverture, un vaste fauteuil pourpre occupe la place centrale, en recul et tourné vers le mur du fond, tandis que deux hauts tabourets sont placés de part et d’autre de l’avant-scène. Au pied de celui installé côté jardin : une bouteille d’eau, un carnet et un stylo.

La scène est inversée. Les tabourets sont en réalité les poubelles dans lesquelles sont Nell et Nagg, les parents handicapés et mourants de la Fin de partie de Samuel Beckett, alors que le mur du fond de la pièce originelle devient l’espace où se trouve le public du jour.

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– L’énorme enjeu de la diplomatie culturelle en Espagne : l’Institut français en première ligne, dans Profession Spectacle, le 6 mars 2019

La France et l’Espagne partagent plus qu’une frontière : les passerelles culturelles sont nombreuses, diverses, dynamiques. L’Institut français, appareil de l’État au service la diplomatie culturelle à l’étranger, joue un rôle évidemment primordial. De l’avis même d’Anne Louyot, responsable depuis mars 2018 de l’Institut français outre-Pyrénées, « l’enjeu de la relation entre la France et l’Espagne est énorme ». C’est pourquoi le pays compte pas moins de six antennes, sans parler des lycées français et des liens avec la vingtaine d’Alliances françaises sur place.

Née le 5 septembre 1963 à Metz, Anne Louyot a assumé de nombreuses responsabilités diplomatiques, notamment au sein de la diplomatie culturelle en Europe et en lien avec des pays d’Amérique du Sud. Dans le cadre du dernier festival OUI ! à Barcelone, elle a confié à Profession Spectacle sa vision culturelle, sa mission propre ainsi que les différentes actions menées outre-Pyrénées.

Rencontre.

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– Qui veut la peau de la Maison des écrivains et de la littérature ?, dans Profession Spectacle, le 8 mars 2019

Après trois coupes claires en moins de cinq ans, pour un montant total de 165 000 euros, la Maison des écrivains et de la littérature (Mél) vient de s’entendre annoncer qu’elle subirait une nouvelle baisse de 50 000 euros. Cette nouvelle coupe, inattendue car « contraire aux assurances que nous avions reçues » selon l’appel lancé publiquement, intervient alors même que les actions demeurent constantes.

Mais qui veut donc la peau de la Mél ? La question n’a rien de provoquant, les difficultés auxquelles elle fait face depuis quelques années nous invitant naturellement à la poser. Sont en danger non seulement la petite équipe des onze permanents, mais également les interventions de centaines d’écrivains aux quatre coins de la France. Au final, c’est tout un pan entier de l’éducation artistique et culturelle, dont la Mél a été la pionnière, qui est remis en cause.

Enquête.

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Oncle Vania fait les trois huit de Jacques Hadjaje : un théâtre fraternel et réjouissant, dans Profession Spectacle, le 9 mars 2019

Jacques Hadjaje vient de créer sa nouvelle pièce, au théâtre de Belleville : Oncle Vania fait les trois huit. Entremêlant intrigue sociale et réflexion sur le théâtre, le dramaturge, comédien et metteur en scène nous offre, avec sa belle troupe, une petite gourmandise, un théâtre populaire, fraternel et réjouissant, simple et profond.

Qu’il est bon de voir une pièce de théâtre contemporaine, d’entendre une écriture d’aujourd’hui, qui ne soit pas un discours, une « narraturgie » (J. S. Sinisterra), un énième retour nombriliste de son époque sur elle-même ! Le théâtre de notre époque est bien souvent incapable de se décentrer de lui-même ; nous assistons au sempiternel récit adressé au public sous forme de témoignage, de biographie (souvent tordue ou rapetissée pour qu’elle colle à soi) ou de pseudo expérience – psychiatrique, sociale, sociologique, spirituelle… Ajoutons-y une mise en abyme resucée sur le théâtre lui-même, et nous ingurgitons encore et toujours le même, un peu plus un peu moins, quelle que soit l’écriture.

Il faut croire que cela fonctionne, que le monde s’adore en écoutant parler de lui-même. Les réactions sont toujours les mêmes : « Cette pièce m’émotionne beaucoup beaucoup… et me fait beaucoup beaucoup réfléchir ! ». Réflexion que l’artiste ne manquera pas de compléter en précisant que c’est parce que le théâtre est politique. La mécanique est bien huilée.

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– Contre-Temps Académie : des formations originales qui croisent le fer des disciplines artistiques, dans Profession Spectacle, le 15 mars 2019

Au cœur de la Vendée, dans le magnifique château de la Flocellière, la danseuse-comédienne Coralie Pineau et le comédien-cascadeur Jimmy Leroy-Schneiter viennent de lancer une initiative originale : Contre-Temps Académie, l’organisation de sessions interdisciplinaires à destination des professionnels et des amateurs, qui mêlent les arts traditionnels – chant, danse et comédie – avec des disciplines plus spécifiques telles que l’acrobatie et surtout l’escrime artistique.

Pendant quinze jours et à cinq reprises dans l’année, Zorro et le Bourgeois gentilhomme, le fleuret et la danse contemporaine s’entrecroisent, se heurtent et s’étreignent.

Chaque session peut accueillir une cinquantaine de stagiaires en internat ; la toute première formation se déroulera du 4 au 16 août prochains.

Entretien avec le cofondateur de Contre-Temps Académie, Jimmy Leroy-Schneiter.

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Apocalypse Bébé : l’inconsistant charisme de Virginie Despentes mis en scène par Selma Alaoui, dans Profession Spectacle, le 18 mars 2019

Selma Alaoui et le collectif Mariedl adaptent et interprètent Apocalypse Bébé, célèbre roman de Virginie Despentes. Cette proposition artistique et scénique sauve un peu ce texte désespérément inconsistant, sans pour autant parvenir à lui donner du sens.

Virginie Despentes a obtenu avec Apocalypse Bébé, publié chez Grasset en 2010, le succès que l’on sait : les prix Trop Virili et Renaudot. Faute d’avoir lu le roman, nous découvrons le texte avec l’adaptation qu’en fait Selma Alaoui et sa troupe.

La forme est celle d’une enquête policière, initiée après la disparition d’une jeune adolescente, Valentine Galtan, que sa grand-mère faisait pourtant surveiller. Fugue ? Enlèvement ? Mandatée pour la retrouver, Lucie Toledo, jeune détective peu expérimentée et coincée, s’adjoint les services de la Hyène, enquêtrice aux méthodes hétérodoxes.

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– Théâtre en livres : le festival célèbre un théâtre qui se lit, dans Profession Spectacle, le 19 mars 2019

Après une première édition en 2017, le festival Théâtre en livres revient en force du 22 mars au 6 avril : quatorze librairies, dix-sept événements et près d’une trentaine d’écrivains invités. À l’origine du projet, il y a les éditions Théâtrales et sa structure de diffusion spécialisée Théâdiff, qui rassemble aujourd’hui plusieurs maisons d’éditions. L’enjeu : faire comprendre que le théâtre se lit aussi !

Entretien avec Mahaut Bouticourt, pour l’équipe des éditions Théâtrales.

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L’Art des cavernes : quatre amis artivistes à l’assaut de la publicité capitaliste, dans Profession Spectacle, le 27 mars 2019

Entre satire sociale et délire entre potes, entre ressorts comiques et tension dramatique, L’Art des cavernes se cherche un peu, à l’image des militants anti-pub dans la pièce. Nous rions devant la complicité, le talent indéniable et la formidable énergie de ces quatre bons comédiens, tout en espérant une densité qui n’advient jamais pleinement.

Créé l’an dernier de manière confidentielle et un festival d’Avignon plus tard, L’Art des cavernes arrive (revient) à Paris pour une représentation hebdomadaire, au théâtre Clavel. Cette pièce est la première création de la compagnie Les Petites Abeilles, constituée de Léo Dérumaux, Ronan Heuzel, Barthélémy Maupas et Alexandre Wirth, quatre comédiens fraîchement sortis de leurs écoles respectives et qui n’ont pas craint de créer de bout en bout – de l’écriture à l’interprétation – leur spectacle.

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Dom Juan : bête de cirque plutôt que bête de sexe, dans Profession Spectacle, le 28 mars 2019

Jean Lambert-wild et Lorenzo Malaguerra mettent en scène, à Limoges, le Dom Juan ou le festin de Pierre de Molière : un spectacle qui assume à l’extrême le parti-pris burlesque, jusqu’à provoquer l’incompréhension. À découvrir au théâtre de l’Union (Limoges) et en tournée.

Rares sont les spectacles qui nourrissent l’incompréhension, pas tant sur le fond – nous sommes, avec le mythe de Dom Juan, en terra cognita – que sur l’interprétation qu’en donnent Jean Lambert-wild, directeur du théâtre de l’Union à Limoges, et le metteur en scène suisse Lorenzo Malaguerra.

Comment ont-ils pu comprendre ainsi ce mythe, ou plus précisément le texte de Molière ? Car s’ils disent s’inspirer du premier, c’est néanmoins le texte du second qu’ils ont choisi de porter sur scène – en bousculant parfois l’ordre des scènes (l’apologie du tabac) et en insérant des citations prises à d’autres écrivains (Montherlant, Pouchkine…).

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Festival d’Avignon 2019 : cap sur les « odyssées contemporaines », dans Profession Spectacle, le 29 mars 2019

Olivier Py vient de dévoiler sa programmation pour le 73e festival d’Avignon, qui aura lieu du 4 au 23 juillet prochains. Cap sur les « odyssées contemporaines », thématique qui unit le passé et le présent, qui invite aux retrouvailles avec les épopées antiques et à l’écriture de récits contemporains : Europe, migration, exil… Autant de thèmes dorénavant omniprésents sur la scène française.

Au menu : quarante-trois spectacles dont trente-trois créations et vingt-six coproductions, ainsi que deux expositions. Pascal Rambert ouvrira la spectaculaire traversée, suivi de Julie Duclos, Alexandra Badea, Michel Raskine, Maëlle Poésy ou encore Laurent Gaudé. Un hommage sera notamment rendu à Patrice Chéreau.

« L’odyssée, c’est le voyage en général, explique Olivier Py, le voyage d’un migrant, des exilés, dans la Méditerranée, qui ressemble de nos jours à une tragédie ; c’est aussi une aventure d’après-guerre […] C’est la rencontre de l’autre, de l’étranger. » Et le directeur artistique du festival de nous rappeler que pour Homère, l’odyssée ne traversait pas seulement la réalité de la Méditerranée ; il était encore un périple dans tout le monde connu pour l’époque.

Plusieurs sous-thèmes sont évoqués par le maître des lieux avignonnais : l’Histoire, l’autobiographie, le colonialisme, l’écologie… « Il y a toujours une lutte entre la grande Histoire et les petites histoires de chacun », développe-t-il. La culture a ainsi pour but de faire « entendre tous les petits destins habituels […] notamment ceux qui n’ont pas accès à la parole ».

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Pierre MONASTIER

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